Affaire Vincent Dabilgou: Malick Koanda, cuisiné par le procureur du Faso

Le prévenu Malick Koanda, directeur général de la Société nationale de gestion du patrimoine ferroviaire du Burkina Faso (SOPAFER-B), est accusé de détournement de deniers publics, abus de fonction et complicité de financement occulte d’un parti politique. Il a nié les accusations portées contre lui lorsqu’il s’est présenté devant le tribunal le 15 juin 2023.

Malick Koanda a expliqué que Jean Gabriel Séré l’avait informé qu’une partie des fonds alloués au projet Burkina-Ghana serait utilisée pour couvrir les frais connexes liés à ce dernier. Ces frais incluaient également le carburant qui était fourni par un prestataire choisi par le ministère plutôt que celui habituellement utilisé par SOPAFER-B. Le contrat correspondant avait été signé en janvier 2020 mais n’était jamais revenu entre ses mains depuis cette date-là.

Lorsque l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et lutte contre la corruption (ASCE-LC) l’a contactée plus tard pour lui demander des explications sur cet accord concernant une utilisation inappropriée des fonds, il a découvert que c’était M.Séré qui avait signé les bordereaux attestant avoir reçu la livraison du carburant acheté avec ces mêmes fonds.

En outre, selon un procès-verbal lu par le procureur lors du procès, Malick Koanda aurait reçu une somme d’argent destinée à acheter des motos avant une campagne électorale proche. Lorsqu’on lui demande comment il justifie cela étant donné son rôle dans SOPAFER-B, il a répondu que dans les partis politiques, l’origine de l’argent n’était pas une question posée. Il s’est appuyé sur ses trente ans d’expérience en politique pour étayer sa réponse.

L’accusation soutient que Malick Koanda était au courant des véritables objectifs du contrat qu’il avait signé et qui impliquait la fourniture de carburant mais également le financement occulte d’un parti politique. Elle souligne notamment qu’il aurait signé un tel accord sans même prendre connaissance du contenu ni lire les documents correspondants.

Le tribunal a suspendu l’audience après avoir entendu toutes les parties concernées et reprendra ce vendredi 16 juin 2023 à 9 heures.

AUSSI

Jean Gabriel Séré, ancien Directeur Administratif et Financier du ministère des transports sous Vincent Dabilgou, est accusé de détournement de deniers publics pour l’achat de motos destinées au parti Nouveau temps pour la démocratie (NTD), dont Dabilgou est le président. Lors de son audition, il a avoué avoir ordonné l’émission de chèques d’une valeur totale estimée à 90 millions pour régler ces dépenses sur instruction du ministre. Les chèques ont été utilisés pour acheter environ 80 motos auprès plusieurs sociétés telles que Watam Kaizer et Megamonde ainsi qu’auprès d’un certain M.Compaoré. Une partie des motos a été envoyée au siège du parti tandis que l’autre partie a été distribuée aux militants en province. Le coût unitaire était compris entre 400 et 500 mille francs CFA par moto.

Séré admet également avoir signé un contrat fictif avec Green Énergie à hauteur de 131 millions afin d’essayer de légitimer les dépenses engagées sur ordre du ministre.

Enfin, Séré reconnaît avoir passé un contrat avec Ilboudo Salfo portant sur l’acquisition de carburant à hauteur de 77millions. Cependant, lorsque le paiement a été effectué, Série dit avoir remis 25millions sous forme de commissions au ministre rapport à cet accord. Sur questionnement du procureur, Séré reconnaît aussi avoir donner 40 millions et 10 millions respectivement à Vincent Dabilgou pour les marchés avec Green Énergie et Ilboudo Salfo.

Bien que Séré reconnaisse les faits qui lui sont reprochés, il admet seulement partiellement certains des détails de l’affaire.

Emmanuel Yaméogo

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