Entrepreneuriat féminin : Les réalités du métier de tisseuse de pagnes traditionnels
Occupant une place importante dans le monde culturel, le pagne tissé est beaucoup prisé par les burkinabè et les touristes. Du coton au produit fini, ce sont différents motifs et couleurs proposés par les tisseuses et tisserands. Le tissage des pagnes traditionnels est un métier qui nourrit son Homme.
Regma Sawadogo exerce le métier depuis plus de 10 ans. Elle tisse en moyenne deux pagnes par jour. Elle le revend aux grossistes et aux détaillants qui passent leurs commandes. Elle dit rencontrer de nombreuses difficultés. « Je tisse mais je n’arrive pas à vendre. Même si les gens payent, c’est à crédit et je suis souvent obligé d’arrêter le tissage pour attendre qu’il me paye afin de me ravitailler en fil pour continuer le travail. Il Y a également la rareté de certains fils à tisser. A part cela tout va bien. ».
Jean-Pierre Pawend-kissgo Nikiema nous fait part de sa satisfaction face à la qualité des pagnes tissés. Il affirme acheter directement les pagnes chez les tisseuses car en magasin il revient plus cher. « Je paye au plus 2 pagnes qui coute entre 5000 et 6000 FCFA, selon la qualité et le motif, pour me confectionner une chemise. Je suis très heureux et fier de porter du Made in Burkina et je n’ai aucune difficulté a m’en procurer. ».
Safiata Compaoré quant à elle a commencé ce travail il y a à peu près 15 ans. Comme Regma Sawadogo, elle a préféré ce métier car elle apprenait plus facilement. Elle tissait plus de 8 pagnes par jour avec l’aide de ses enfants et des apprenantes. Elle les payait 500f par pagne tissé. Ces pagnes sont revendus à 2750F l’unité à des grands magasins de pagne et de prêt à porter dans la ville de Ouagadougou. Depuis sa maladie, Safiata Compaoré a réduit sa production, car elle ne plus supporte plus l’odeur de la teinture utilisée sur les fils blanc d’origine, afin de les colorer » qui l’a même rendu malade. Elle projetait donc de se lancer en parallèle dans la vente du fil à tisser et d’agrandir sa maisonnette afin de prendre les pagnes en gros chez ses consœurs, pour les revendre aux grossistes du grand-marché et également aux détaillants. Mais les réalités de la famille nombreuse la rattrape.
« Avec la saison pluvieuse c’est difficile de tisser beaucoup, parce que quand il pleut on ramasse les fils et quand ça stop on replace. Tandis que pendant la saison sèche on arrive à tisser beaucoup plus. Depuis ma maladie j’ai fait plus de trois ans je ne tissais plus. C’est ma fille qui le faisait à ma place. Nous pouvons tisser les pagnes mais le prix auquel les clients achètent ne nous arrangent pas. Je ne peux pas non plus mettre un gros bénéfice là-dessus sinon je ne pourrai pas vendre. Je suis même obligé de vendre des condiments devant ma porte pour pour pouvoir m’en sortir. » ajoute Safiata Compaoré. Durant ses 15 ans dans le métier, elle a formé de nombreuses personnes qui sont devenues à leur tour indépendantes.
Les fils utilisés dans la confection de ces pagnes proviennent du coton Burkinabè et sont aussi importés du Ghana. Lorsqu’il y a manque, c’est celui du Ghana qui est beaucoup utilisé. Il est de moins bonne qualité. Elles achètent celui du Burkina à 2750f la douzaine et 6500f le gros rouleau. La teinture utilisé sur le fil de Coton du Burkina lui est à 2000f le sachet.
Il faut au minimum 4 paquets de fils pour réaliser 2 pagnes. Il peut arriver des moments ou le fil manque et elles sont obligé de réduire leurs productions.
Grace à ce travail elles arrivent à nourrir leurs familles et prendre en charge les petites dépenses de la famille. Malgré les difficultés elles n’abandonnent pas car elles sont l’espoir de celles-ci.
Claire Hélène Sia
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