La vente du dolo, un métier en disparition
La bière de mil, connue sous le nom de rân-moaga en mooré, dôrô en bambara ou tchapalo en sénoufo est une bière ancestrale. Elle est obtenue par la fermentation de sorgho rouge ou du mil germé et cuit dans de l’eau. Elle est très répandue en Afrique subsaharienne dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Togo.
Le dolo est servi dans des calebasses. Ce métier est exclusivement féminin car aucun de nos interlocuteurs ne peut dire avoir déjà vu un homme en vendre. Il est consommé dans des cabarets qu’on trouve un peu partout dans les quartiers populaires. Autrefois, la vente du dolo rapportait beaucoup d’argent mais les choses ont bien changé.
Sidonie Siaoni, ancienne dolotière exerçait ce métier il y a 60 ans de cela. « A notre temps la vente du dolo rapportait beaucoup, J’avais des clientes qui, quand on finissait de préparer le dolo, pouvaient acheter entre 8 et 16 canaris pour la revente au détail », déclare-t-elle. Elle continue plus loin en disant : « l’initiative de faire du dolo est venue par ce que j’aidais ma mère à la préparation du dolo ; au début j’achetais deux sacs de mil chaque trois jours pour la préparation et j’ai augmenté la quantité au fur et à mesure. ».
Sidonie Siaoni se fait aider par Palobdé Nana depuis les cinq dernières années. Elle aussi dit avoir appris la cuisson du dolo avec sa mère. C’est donc une activité principale familiale.
« Il y a 05 ans de cela on utilisait deux sacs de mil par jour, pour notre production de dolo mais comme il y a plus marché, c’est un sac qu’on utilise maintenant. Quand les gens gagnent l’argent, ils ne parlent plus du dolo. C’est la bière moderne qu’ils boivent », a-t-elle ajouté.
Elle affirme que hors-mis les samedis et dimanches, les clients sont très rares en semaine.
La calebasse de dolo se vendait à 50f, mais avec l’augmentation du prix de mil, du bois autres intrants, nous la vendons à 100f.
Malgré la diversité des bières étrangères, d’autres consommateurs tiennent toujours à leur dolo traditionnelle.
« J’ai commencé à boire du dolo à l’âge de 10 ans. Je préfère le dolo à la bière étrangère par ce que nous connaissons sa composition. Je n’ai jamais eu des maladies liées à cela », a déclaré Roger Guéma, fidèle client de Sidonie Palobdé.
Il a renchéri : « Nous venons boire chez Sidonie par ce que son dolo est naturel, elle n’ajoute aucun ingrédient qui puisse nuire à notre santé ».
Catherine Somé, vendeuse au marché de dolo lomé avoue avoir commencé la vente il y a de cela 15 ans. De son coté, elle préparait le dolo elle-même qu’elle proposait aux revendeuses. « Quand le sac de mil est passé à 30 000f, j’ai cessé de le préparer moi même. Je le prends actuellement comme revendeuse ».
« La préparation du dolo est bien plus bénéfique que la simple revente. Avec la concurrence ici dans le marché souvent je n’arrive pas à vendre tout mon stock. La calebasse est à 100f mais si quelqu’un me demande pour 50f je lui en donne », a-t-elle ajouté.
Edith Lydwine Ouédraogo et Claire Hélène Sia
Topinfo Plus.
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