Niger : retrait annoncé des troupes américaines dans un contexte de réorientation diplomatique
Dans un mouvement stratégique marquant, le Niger a annoncé vendredi 19 avril le retrait imminent des troupes américaines stationnées sur son sol, signifiant un tournant décisif dans les relations internationales de ce pays membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Depuis des années, environ mille soldats américains opéraient à partir de la vaste base de drones d’Agadez, contribuant à la lutte contre le djihadisme au Sahel.
Ce retrait fait suite à une réunion clé à Washington où Kurt Campbell, numéro deux de la diplomatie américaine, a rencontré le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine. Lors de cet entretien, les États-Unis ont formellement accepté la demande du régime militaire de Niamey de mettre fin à l’accord de coopération militaire qui liait les deux nations depuis 2012.
L’accord avait été unilatéralement dénoncé par le Niger en mars, après que le pays a suspendu toutes formes de coopération avec les États-Unis suite au coup d’État de juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. Les autorités nigériennes ont exprimé leur mécontentement, estimant que l’accord avait été imposé par Washington.
La décision de Niamey de se détacher de l’influence américaine coïncide avec des manifestations massives dans la capitale, où des milliers de citoyens ont réclamé le départ immédiat des troupes étrangères, soutenant ainsi le nouveau régime militaire. Ce dernier ne s’est pas limité à éloigner les Américains mais a également demandé le départ des forces françaises et s’est rapproché de la Russie pour renforcer ses liens militaires, suivant en cela l’exemple de ses voisins Mali et Burkina Faso.
La présence russe semble se renforcer dans la région, la Russie ayant annoncé en janvier son intention d’intensifier sa coopération militaire avec le Niger. Les détails de cette nouvelle orientation ont été peaufinés lors de la visite d’une délégation russe à Niamey en décembre dernier.
Le retrait américain du Niger marque un changement profond dans la dynamique de sécurité dans le Sahel, région longtemps perçue comme un front crucial dans la lutte contre le terrorisme international. La suite des événements pourrait redéfinir les équilibres régionaux et les stratégies de plusieurs acteurs géopolitiques majeurs dans cette partie du monde.
Maria Nikiema
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