Trois Ans de Pouvoir du Capitaine Traoré : Le Burkina Faso au rythme de la « Reconquête » et de la Rupture
Alors que s’achève sa troisième année à la tête du Burkina Faso, le pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré, arrivé à la présidence par un coup de force en septembre 2022, se présente comme une période de transformation radicale, entièrement subordonnée à l’impératif sécuritaire. Les trois dernières années ont été marquées par une mobilisation nationale sans précédent, des changements géopolitiques majeurs et une intensification de l’effort de paix.
Le Front Sécuritaire : Le VDP au Cœur de la Stratégie
Dès son accession au pouvoir, le Capitaine Traoré a fait de la lutte contre les groupes armés terroristes la raison d’être de son régime de transition. Sa jeunesse et son discours direct ont galvanisé une partie de la population, lassée par l’immobilisme perçu des administrations précédentes.
La pierre angulaire de cette stratégie a été la montée en puissance des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Ces supplétifs civils, encadrés par l’armée, ont été mobilisés en grand nombre, sous le slogan de la « reconquête du territoire national ». Les autorités se félicitent de succès tactiques et de la reprise de certaines localités.
Cette période s’est donc définie par la militarisation de la vie publique, où toutes les politiques, y compris économiques et sociales, sont orientées vers le soutien de l’effort de guerre.

La Rupture Géopolitique et l’Axe Panafricain
Sur la scène internationale, la présidence de Traoré est synonyme d’une rupture nette avec l’ancienne puissance coloniale. L’exigence de souveraineté a conduit au départ des forces militaires françaises et à une réorientation des partenariats.
Le Burkina Faso s’est rapproché de nouveaux acteurs stratégiques, notamment la Russie, perçue comme un allié plus pragmatique dans la lutte antiterroriste. Le chef de l’État a également joué un rôle central dans la consolidation de l’Alliance des États du Sahel (AES), aux côtés du Mali et du Niger, érigeant la souveraineté et le panafricanisme en piliers de sa diplomatie.
Ce changement de cap, applaudi par une grande frange de la jeunesse, a repositionné le pays comme un acteur au discours radical au Sahel.
Après trois ans, le leadership d’Ibrahim Traoré a donc transformé le Burkina Faso en une nation en guerre, animée par une idéologie de souveraineté farouche. L’avenir du pays dépendra de la capacité de l’État à traduire son intense mobilisation nationale en une paix durable et à tenir ses promesses de refondation, tout en guidant la population épuisée vers une stabilité politique et économique.
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